1971 : le premier collisionneur proton–proton
Les ISR, ou Anneaux de stockage à intersections, produisant les premières collisions proton–proton au monde, sont mis en service en 1971.
Lorsque des particules à haute énergie sont accélérées et percutent une cible fixe, la plupart de l’énergie utile est absorbée par le recul de la cible, et seule une fraction de l'énergie alimente la collision. Dans les années 1950, les physiciens comprennent que si deux faisceaux de particules pouvaient être envoyés l'un contre l'autre, aucune énergie de recul ne serait gaspillée, ce qui permettrait une utilisation beaucoup plus efficace de l’énergie lors des collisions.
Alors que d’autres laboratoires de physique se concentrent sur la construction de machines destinées à accélérer des faisceaux d'électrons, le CERN travaille avec des protons. L’idée est d’utiliser le nouveau Synchrotron à protons (PS) pour alimenter deux anneaux interconnectés, où deux intenses faisceaux de protons seraient ainsi formés pour ensuite entrer en collision.
La construction des Anneaux de stockage à intersections, d'un diamètre de 300 mètres, est officiellement approuvée en 1965. Bien des difficultés doivent être surmontées pour la faire fonctionner. De nouvelles techniques d’ultravide sont développées et de nouvelles méthodes de contrôle des faisceaux de particules maîtrisées. Le 27 janvier 1971, les ISR produisent la première collision proton–proton du monde, fournissant au CERN un précieux savoir-faire pour ses projets ultérieurs de collisionneurs.
Avec la construction des ISR, le CERN devient aussi international sur le terrain que sur le papier : les Anneaux sont construits en France, sur un terrain jouxtant le site d’origine de Meyrin, en Suisse.