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L'équipe d'ingénieurs russes et français qui a assemblé l'un des bouchons du calorimètre à hadrons de l'expérience CMS

D’égal à égal

Nicolas Koulberg fut traducteur et intermédiaire entre le CERN et les scientifiques soviétiques à partir de 1966. Il est aujourd’hui conseiller du directeur général pour les relations avec la Russie, l’Union des Etats indépendants et d’autres ex–pays de l’Est.  »

Nicolas Koulberg« Je préparais ma thèse de littérature russe à l’Université de Genève quand j’ai commencé à travailler occasionnellement pour le CERN. Lorsque j’eus terminé mes études, on me demanda de servir d’interprète dans le cadre des nouvelles expériences conjointes. Je passais donc trois ans à aider les spécialistes soviétiques à Genève, ainsi que les scientifiques du CERN partis avec leur famille pour Serpoukhov. Ils vivaient là-bas dans des immeubles de plusieurs étages, à Protvino, le village voisin, où nous avons fait en sorte de rendre leur vie aussi confortable que possible et leurs conditions de travail acceptables.

La situation politique en Union soviétique était très difficile. Quand j’y repense, je ne sais pas comment nous avons réussi à envoyer en URSS un équipement aussi sophistiqué, dont l’ordinateur le plus puissant de l’époque. Je ne sais pas non plus comment nous avons fait accepter aux autorités suisses l’atterrissage d’un avion militaire soviétique. C’était la première fois qu’un tel engin passait à l’Ouest.

La Russie n’était pas un pays libre en ce temps-là. Nous étions derrière le Rideau de fer et les règles étaient strictes. Mais les Soviétiques ont vite compris que la collaboration exigeait plus d’ouverture de leur part. La situation a vraiment progressé quand nous sommes parvenus à convaincre les autorités que les gens étaient invités au CERN pour y partager leur savoir, et non pour y être espionnés. Officiellement, les règles étaient toujours en vigueur. Mais en pratique elles s’appliquaient plus souplement.

Les expériences conjointes initiales n’ont pas été uniquement menées avec le CERN. Elles ont regroupé d’autres instituts européens. Ainsi, par le biais du CERN, tous les physiciens européens ont trouvé porte ouverte à l’Est et ont pu rencontrer en URSS des savants qui sont à leur tour venus à Genève, au cours des décennies suivantes, apporter leur contribution intellectuelle, financière et matérielle. Les collaborations entre le CERN et la Russie ont donné de bons résultats scientifiques. De surcroît, de nombreux laboratoires y ont participé, pas seulement de grands instituts.

Nos premiers travaux en Russie nous ont permis de comprendre les gens et leurs façons de travailler. Nous partagions le même esprit, travaillant pour la science et pour améliorer les connaissances. Mais nous devions nous assurer de cette base commune avant de devenir de véritables partenaires travaillant sur un pied d’égalité. Aujourd’hui, les Russes participent à toutes les étapes des expériences.

Certains groupes formés il y a trente ans travaillent toujours ensemble. Sans ces contacts de longue date et la compréhension mutuelle qui s’est progressivement construite, les collaborations actuelles, notamment pour le grand collisionneur de hadrons (LHC), n’auraient pas été possibles.  »