CERN Accelerating science

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Des collègues du CERN, de Chine, du Pakistan, de Russie et des �tats-Unis devant la derni�re « tranche » d'une des grandes roues des d�tecteurs des bouchons d'ATLAS

Un Pakistanais à Genève

Hafeez Hoorani est venu pour la première fois au CERN en 1989, pour travailler sur le projet de grand collisionneur électron-positon (LEP). Il est aujourd’hui professeur de physique au Centre national de physique de l’Université Quaid-i-Azam d’Islamabad, au Pakistan. Il y dirige une équipe chargée de construire les chambres à muons du détecteur CMS pour le grand collisionneur de hadrons (LHC).

Hafeez Hoorani« Je suis arrivé au CERN en 1989. Il y régnait une atmosphère d’exaltation, due à la mise en route du LEP. C’était une expérience très différente de celle que j'avais vécue au cours des années précédentes en Amérique du Nord, région très homogène où tout le monde parle anglais. Le CERN est en effet une organisation multiculturelle et multinationale. Il est facile et simple de collaborer avec l'Europe, qui est très ouverte et disposée à accepter des gens d'horizons et de cultures variés. Et cet esprit européen, cette tolérance, imprègne le Centre.

Le CERN constitue une expérience unique, à laquelle beaucoup participent. C'est un peu comme d’essayer de préparer un repas auquel l’un apporterait le pain, l'autre le beurre, un troisième les lentilles, et ainsi de suite. Au CERN, chacun apporte quelque chose de différent, les gens discutent et débattent, mais ils finissent par construire un détecteur qui fonctionne. C'est tout à fait fascinant et je n’ai rien vécu de similaire auparavant. L'objectif final est d'ordre purement intellectuel, puisqu’il s’agit de physique fondamentale ; c'est magnifique.

Mon travail ici a été très enrichissant au plan scientifique et plus encore au plan culturel. Je suis devenu meilleur, à la fois au plan humain et scientifique. Je peux désormais apprécier des accents, des modes de vie différents. Je suis plus ouvert aux autres qu'il y a 15 ans.

À mon arrivée au CERN, je travaillais essentiellement sur des sujets techniques. Mais, petit à petit, je me suis davantage impliqué dans des questions politiques. En 1999, je suis rentré au Pakistan pour créer un groupe de travail sur plusieurs aspects du projet LHC. Il m'a alors fallu convaincre mon peuple et mon gouvernement de collaborer avec le CERN, ce qui était assez difficile, car personne n'associait la science à la Suisse. C’est un pays connu pour le tourisme, ses montres et la beauté de ses paysages.

Mais le Pakistan avait déjà un lien préalable avec le CERN, par le biais de feu le professeur Abdus Salam, seul lauréat pakistanais d’un prix Nobel en sciences et l'un des pères de la théorie électrofaible. La communauté scientifique pakistanaise connaissait le CERN depuis 1973, grâce à la découverte des courants neutres qui a conduit Abdus Salam à recevoir le prix Nobel. Nous apportons beaucoup plus de nos jours car certains des étudiants qui ont travaillé avec lui, qui connaissent ses théories ainsi que le CERN, occupent à présent des postes influents dans le gouvernement pakistanais. Ils ont donc aidé en incitant le Pakistan à mettre en place une collaboration scientifique significative avec le CERN. Les gens savent maintenant qu'il existe une organisation appelée CERN. Il a fallu du temps pour expliquer ce que fait le CERN, et j'ai amené beaucoup de gens ici pour le leur montrer car ils n’imaginaient pas ce laboratoire ainsi. Nous sommes maintenant largement soutenus, ce qui nous donne de l'espoir... »