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1800 scientifiques de 164 universités et laboratoires représentant 35 pays du monde entier collaborent à l’expérience ATLAS

Jeter des ponts

Robert Eisenstein a commencé à travailler sur des expériences du CERN en 1980. Il est aujourd’hui président de l’Institut de Santa Fe, aux États-Unis. Au cours de sa carrière, alors qu’il se trouvait à la Fondation nationale pour la science américaine, il a joué un rôle important dans l’organisation du partenariat avec les États-Unis pour le projet de grand collisionneur de hadrons (LHC).

Robert Eisenstein« L’une des deux expériences sur lesquelles j’ai travaillé à LEAR se poursuit toujours, d’une certaine manière. Fait assez remarquable, en près de vingt-cinq ans, cette expérience relativement modeste a généré près de trente thèses de doctorat aux États-Unis, en Allemagne et en Suède. C’est probablement la meilleure collaboration à laquelle il m’ait jamais été donné de participer, avec des collègues merveilleux et un effort véritablement international.

À mon sens, le CERN reste le meilleur exemple de coopération internationale dans le domaine scientifique. D’autres institutions ont tenté de suivre cette voie sans jamais rencontrer le même succès. Le CERN a joué un rôle crucial pour améliorer les relations entre les nations, particulièrement durant la guerre froide. Il a permis à des pays qui avaient coupé tout contact de communiquer à travers la science.

Ce que le CERN instaura après la Seconde Guerre mondiale fut très subtil. Il fit preuve d’une ouverture totale à une époque où une telle attitude faisait cruellement défaut. Tout le monde était le bienvenu. La seule condition était d’avoir une bonne idée. Ce principe reste vrai de nos jours. J’ai toujours aimé amener des étudiants ici, car le CERN est un endroit fascinant et passionnant.

Il est important de se rappeler des origines. Il y a cinquante ans, l’Europe était dévastée. Le CERN fut créé avec l’objectif de commencer à reconstruire et réunifier la science européenne. L’intention était de pouvoir le faire indépendamment des États-Unis, et pour être honnête, les Américains ne souhaitaient pas se joindre au projet, puisqu’ils avaient déjà leur propre programme.

Le CERN fut donc développé en toute indépendance, mais les États-Unis lui prêtèrent leur appui. Puis Victor Weisskopf fut nommé directeur général ; une brillante décision. Cet Européen devenu américain resta toujours un citoyen du monde. Il fut un personnage de premier plan qui aida à jeter des ponts et à entretenir un esprit de confiance et de coopération.

Bien entendu, il existe une concurrence saine et naturelle entre le CERN et les États-Unis. Rien de mal à cela : chacun est ainsi tenu de rester à l’affût, de prouver son intelligence et d’être toujours en quête de découvertes. Cela s’est révélé extrêmement bénéfique pour nous tous. Aujourd’hui, les États-Unis sont fortement impliqués dans le projet LHC. La coopération est plus importante que jamais car la physique des particules se trouve à une croisée des chemins. Tous les physiciens des particules doivent travailler ensemble pour assurer la sécurité de l’avenir. Le CERN a donc un rôle majeur à jouer et je suis certain qu’il l’assumera.

On peut facilement passer à côté de certaines choses. On peut aisément considérer la coopération et les échanges amicaux comme autant d’acquis. Mais ils sont rares et très difficiles à réaliser. Le CERN est l’une de ces réussites considérables qui n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur. »